Sophie Arancio

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Si un matin nous apprenions que Sophie Arancio est partie vivre au Brésil du jour au lendemain, ou qu'elle avait soudainement décidé de se lancer dans la conquête spatiale, cela ne nous étonnerait nullement. En effet, tout ce que Sophie entreprend part toujours d'un coup de tête, ou plus exactement, d'un coup de cœur. Photographe de profession, elle décide en seulement deux mois de quitter la France pour rejoindre l'Afghanistan afin d'immortaliser le visage de ses habitantes. Etudiantes, boxeuses, commerçantes, footballeuses.…. les regards s'enchaînent sous son objectif, au rythme des kilomètres qu'elle parcourt à travers le pays. Dans un siècle où la place de la parole des femmes est encore un sujet de société, le silence de ses photos, que ce soit à Paris ou à Kaboul, semble crier des milliers de maux. Mais comme ne vivre qu'une seule vie lui semble visiblement insuffisant, c'est également à elle que l'on doit les fleurs de taffetas que l'on a vu petit à petit fleurir dans les cheveux des Parisiennes, puis de femmes du monde entier.


Intriguée par le fait qu'on lui demande si souvent où l'on pouvait se procurer les attaches qu'elle glissait nonchalamment dans ses cheveux, Sophie a décidé de lancer sa propre marque d'accessoires. Pour cela, elle a choisi de faire appel à des fournisseurs qui reflètent son mode de consommation écologique et de proximité. Les tissus viennent de chutes de vêtements de grandes marques, les pinces en acétate sont conçues à Oyonnax (fief de la plasturgie française) avant d'être assemblées à Paris par ses équipes.

"Arancio" en italien signifie oranger, mais c'est de dizaines de couleurs différentes que sont faites ses créations. Celle qui refuse d'utiliser le noir et blanc dans ses photos prend un malin plaisir à sélectionner des tissus qui reflètent le film en technicolor dans lequel elle semble vivre. Les accessoires de Sophie nous rappellent la douceur des œuvres de Jacques Demy ou non... plutôt celles d'Agnès Varda, car c'est elle qui inspire notre Parisienne. Peut-être la photographe, sûrement la féministe.


Maman solo, on imagine assez bien son fils grandir au milieu des chutes de tissus et toujours face à l'objectif de celle qui semble décidement avoir trouvé le secret permettant de faire durer les journées 48 heures. Pour conclure ce portrait, si on devait ne choisir qu'un mot pour la qualifier, ce serait « inspirante ». Et le plus fou, c'est qu'elle semble ne pas en avoir conscience.


les coups de coeur Sophie Arancio
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