Que ce soit de toute sa grâce devant notre objectif ou de tout son talent derrière son Canon AT-1, cette artiste photosensible flirte avec le rêve et teinte d’une inquiétante étrangeté tout ce qu’elle capture. Visages, fleurs, paysages… ses sujets comme passés au crible d’un sacre onirique. Place au beau bizarre, à l’instant sublimé. Angèle révèle, sous le pseudo de Marcel Sassy, par amour du garçon manqué qu’elle fut plus que pour la planque.

Elle tire ses séries argentiques dans son labo de poche qui la suit où qu’elle aille, de Paris aux plages du Pays coutançais. Bientôt, Angèle sera chez elle à Blainville-sur-mer, prête à vivre d’amour et d’eau salée dans une maison en pierre qui, comme elle, se construit étape par étape, tranquillement mais surement. À 16 ans, elle saisit la barque du mannequinat pour voyager et tarir sa soif d’indépendance. Londres, Barcelone, New York, le monde est à elle et si son regard se prête, ce n’est que pour mieux l’aiguiser et observer de son œil espiègle ceux qui se tiennent derrière le boitier. Un jour ce sera elle… pas le temps, le jour s’impose. En autodidacte, elle photographie ses collègues de l’agence KARIN, alimente leur book avant de s’aventurer dans la ville, les yeux grands ouverts et le cœur en dehors. Retour à Paris, les Beaux-Arts lui passent sous le nez, tant pis. Le hors cadre lui réussit. Comme la nuit, qui ne semble pas vouloir se passer d’elle. Dans l’obscurité, Angèle continuer d’irradier, elle danse, se saoule de musique et multiplie les rencontres lumineuses, comme l’artiste André Saraiava, qui la propulse vers une autre de ses vies.

La voilà un temps aux manettes du petite amour, bar du Xème arrondissement qu’elle saura faire tourner trop bien, trop vite, trop fort. Si le voisinage semble bien le seul à lui résister, Angèle poursuit sa route au Grand Hôtel Amour. Là-bas, elle se fait DA du book bar, dans lequel elle continue aujourd’hui d’officier as a DJ. New wave 80’s, éléctro, Angèle sait faire bouger. Les gens, les choses et le monde autour.

Avec tendresse, le rouge parfois aux joues et le charme de celles qui ne savent pas faire autrement que d’être elles-mêmes.

Tout simplement.